Décryptage !
Ces derniers jours, de nombreux médias ont relayé une série de Tweets de #JKRowling, dans lesquelles l’autrice évoquait un incident survenu le weekend dernier devant chez elle. Ce nouvel épisode, repris à grands renforts de titres sensationnalistes, nous semble mériter un décryptage. En effet, de nombreux éléments de contextes sont absents des médias, qui se sont concentrés sur les seules déclarations partielles de J.K. Rowling.
QUE S’EST-IL PASSE ?
A l’occasion du « Trans Day of Remembrance » (Journée du souvenir trans ; une journée pour commémorer les personnes trans assassinées pour motif transphobe), trois activistes qui militent en faveur des droits des personnes trans se sont présentées devant le domicile de J.K. Rowling à Édimbourg.
Elles arboraient des pancartes avec les inscriptions « Trans rights are human right » (Les droit des trans sont des Droits de l’Homme), « Don’t be a cissy » (jeu de mot sur « pleurnichard/e » et « cis », le terme qui désigne les personnes non-trans) et « Trans liberation now ».
Elles ont posté des photos de leur « manifestation », sur lesquelles le domicile de l’autrice était identifiable.
L’autrice a porté plainte auprès de la police avant de dénoncer leur action sur Twitter, dans un fil de 8 tweets. Elle y associe leur action à une tentative d’intimidation et aux menaces de mort qu’elle a reçu suite à sa prise de position militante. Elle cite également de nombreuses femmes qui défendent la même cause qu’elle en les érigeant comme des modèles.
A noter qu’elle ne réagit pas à la manifestation elle-même, mais aux photos qui ont été postées sur Twitter par les activistes.
LE TRAITEMENT DES MEDIAS
Les médias se sont concentrés sur le fait que Rowling recevait des menaces de mort, sans préciser les détails de l’incident sur lequel rebondissait l’autrice, et laissant entendre que ces trois personnes étaient donc bien présentes pour la menacer. Ils ont également repris l’idée que ces personnes voulaient « dévoiler » le domicile de l’autrice dans le but de permettre à d’autres de lancer des campagnes d’intimidation (doxxing).
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CE QUE LES MEDIAS NE DISENT PAS
- Comme indiqué ci-dessus, la nature pacifique des messages portés par les manifestantes est passée sous silence.
- Aucun média ne souligne le fait que le domicile de J.K. Rowling est, en réalité, déjà public et même affiché sur certains sites touristiques/lors de visites guidées de la ville ! Les médias locaux ont déjà parlé à plusieurs reprises de sa maison, et même publié des photos de celle-ci. Si ces activistes avaient voulu « dévoiler » le domicile de l’autrice, elles sont là bien tardivement. C’est une information déjà publique.
- Enfin, parmi les femmes que mentionne J.K. Rowling comme exemplaires, certaines sont justement connues pour des actions similaires, poussant notamment l’acteur David Paisley à quitter le pays (https://www.heraldscotland.com/news/homenews/19548743.river-city-actor-david-paisley-leave-scotland-no-longer-feels-safe/). L’ironie de célébrer les unes, tout en condamnant les autres, se perd.
CONCLUSION
Bien entendu, il aurait peut-être été plus avisé de la part des manifestantes de se rendre devant un bâtiment public (parlement, lieux touristique autre associé à l’autrice s’ils souhaitaient véritablement viser ses propos).
Quant aux menaces de mort, d’où qu’elles viennent, elles sont unanimement condamnées et condamnables. Il ne semble pas qu’il y en ait eu dans le cadre de cet incident précis.
Avec ses tweets, et grâce aux reprises des médias sans prise de recul, Rowling renforce sa position de victime et catégorise l’ensemble de la cause pro-trans comme de dangereux agresseurs. Elle associe une manifestation pacifique à des messages de mort, et efface les contradictions telles que la nature déjà publique de son domicile. Auprès du grand public, elle décrédibilise ainsi ses contradicteurs.
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